Gérald Bortoluzzi 

Par Gallia Valette Pilenko

Cela ne ressemble ni à un appartement,
ni à un atelier. Ou plutôt si, les deux à la fois. Dans un immeuble cossu de la rue Mercière, le jeune artiste Gérald Bortoluzzi (qui vient d'exposer au Café 203) entasse les matériaux de récupération, les coupures de presse, les bouquins sur tous les sujets, les images en tous genres.
C'est un véritable musée insolite qu'on découvre en entrant dans ce grand appartement, une caverne d'Ali-Baba où cohabitent d'étranges objets, des constructions bizarres, des masques africains, des centaines de cartes postales collectées dans les musées et des meubles ou des bibelots récupérés.

Comme ce tigre en plâtre à la tête explosée qu'il a retrouvé dans la rue lors de ses dernières vacances en Toscane. Pour cet artiste touche-à-tout qui dessine, peint, et s'est essayé au court-métrage d'animation, la sculpture est "une évidence".
Depuis tout petit il fouille dans les poubelles à la recherche de rebuts. De toutes sortes, des cintres
en fer, des tubes de métal, des étendages usagés type Tancarville, des collants filés, du bois mort, etc...
Puis il les assemble pour les transformer.
Il fait ça depuis toujours. La seule différence,
ce sont les matériaux qu'il travaille. En ce moment
il a deux amours, les cintres et le papier à cigarettes. Les cintres, il les tord, les détourne pour en faire
des sculptures, figures, animaux. Ce professeur d'arts plastiques qui collectionne les oeuvres de ses élèves (exposées dans le hall d'entrée), appelle ça du "graphisme dans l'espace". "Pour jouer sur la déformation des vides dans l'espace, sur l'angle de vue" précise-t-il. Comme si la sculpture était une fusion entre l'air et la matière, le vide et le plein, l'ombre et la lumière.

Très figuratives, ses statues se transforment et se déforment au gré du regard qu'on porte sur elles. Et rappellent les grotesques qu'on voyait sur les ruines antiques.
Pas étonnant quand on sait que ce qui l'intéresse le plus c¹est "comment la forme advient de l'informe et inversement".
Quant au papier à cigarettes, il en fait
de minuscules figurines qu'il ordonne dans l'espace ou dans un cadre. Souvent en référence à des tableaux de maître ou des sujets classiques.

Comme ces maternités qu'il fait danser sur un fond noir . Parce que l'histoire de l'art, Gérald Bortoluzzi connaît. Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur les étagères de sa bibliothèque. Sans doute pour ça qu'il ne peut s'empêcher d'acheter des cartes postales chaque fois qu'il visite un musée. Ce qui étonne le plus chez lui, c'est son univers foisonnant. Parce que si son travail part dans tous les sens, il s'en dégage une cohérence manifeste. Son besoin irrépressible de fouiner dans les bennes l'emmènera certainement vers son rêve, celui de construire son palais idéal.

A noter qu'il participe à une expo collective en mai 2002
à Poncin (Ain).