*** Wesh Wesh

Réalisateur : Rabah-Ameur Zaïmeche (France)
Grand Prix du Forum International "Nouveau Cinéma" (Berlin - 2002)
Prix Leo Scheer (Belfort - 2002)

Par Christian Delvoye

Cité des Bosquets, Seine-St-Denis.
De retour clandestinement dans sa cité après avoir purgé une double peine, Kamel tente, avec le soutien de sa famille, de se réinsérer dans le monde du travail. Mais ce n'est pas facile quand on n'a pas de papiers. Il devient alors observateur impuissant de la décomposition sociale de son quartier.

Les HLM ont été crées, dans les années soixante, par et pour les communistes, les ouvriers et les gens à revenus modestes. Vinrent ensuite, dans les années soixante-dix, les familles maghrébines immigrées, d'origine rurale pour la plupart, qui vivaient dans les bidonvilles, dans des conditions déplorables. Pour eux, avoir des fenêtres, une cuisine, une douche, un peu de confort, c'était le paradis. Wesh Wesh (*) est une fiction-documentaire actuelle sur la vie dans une de ces cités qui ceinturent les grandes villes de France. Etabli sur des faits sociaux, le film évoque ce passage, du bidonville à la cité, puis à la zone pavillonnaire. Cela représente trois phases d'acculturation différentes pour la population. Wesh Wesh parle aussi des mystères de l'économie parallèle qui règne dans les cités, et de la rage qu'il y a dans les coeurs. On est très loin des images de la banlieue données par le cinéma français des années quatre-vingt-dix ! A travers les brimades, les trahisons, les magouilles, les bagarres entre bandes, mais aussi les parties de pêche dans l'étang, quand il n'y a plus rien d'autre à faire. Rabah-Ameur Zaïmeche, le réalisateur, montre la vie de tous les jours d'une banlieue très proche de la réalité. La mère tient la famille unie, gardienne de la tradition, mais elle ne comprend plus le monde dans lequel elle vit, son aîné étant clandestin, et son cadet lui causant bien des soucis quand il traîne avec les "lascars". Puis il y a Irène, l'institutrice. Lorsqu'elle s'interpose entre Yazid et la police, lors d'une interpellation musclée, elle intervient en tant que citoyenne contre les aberrations quasi quotidiennes de la répression policière. Tout cela se terminera en tragédie, mais Wesh Wesh , loin de donner dans un misérabilisme sordide, a le bon goût de s'arrêter là où commencent La Haine ou Ma 6-T va Craquer.

(*) Wesh : sorte d'onomatopée. Expression arabe qui veut dire "Hein ? Quoi ?". "Wesh Wesh" s'emploie dans le sens "Qu'est ce qui se passe ?".

Ph : Les petits, dans la cité. (c) Service de Presse
****Coup de Folie ***Coup de coeur **Coup d'Oeil *Coup de Pied