Les paperolles des religieuses Par Martine Gayot
L'association Trésors de Ferveur présente pour la première fois en France une exceptionnelle collection de reliquaires domestiques fabriqués par des religieuses aux siècles passés à l'aide de
petits papiers roulés minutieusement mis en scène.
Comment obtenir les grâces d'un saint plus
sûrement qu'en honorant une relique de son corps? Les églises au Moyen Age œuvraient pour détenir des reliques de saints, ce qui amenait des pèlerins, et partant des subsides. Les grands de ce monde
eurent leurs propres reliques, présentées dans de belles pièces d'orfèvrerie. Pour satisfaire la demande de nombreux fidèles les religieuses cloîtrées
inventèrent une activité rémunératrice : la fabrication de reliquaires domestiques à base de paperolles, ces petits papiers roulés, colorés, dorés sur tranche,
frisottés et artistiquement arrangés autour de la relique ou de l'objet de piété pour imiter l'orfèvrerie, la ferronnerie et le bois sculpté. Et elles firent des merveilles.
Ces reliquaires, collectionnés par Trésors de Ferveur depuis 30 ans, ont parfois été sauvés des poubelles à l'époque où ils
n'intéressaient personne. Aujourd'hui l'association en présente près de 150 datant du XVII° au XIX° siècle, souvent dans leur cadre d'origine et l'on reste confondu devant
tant d'invention, de variété d'inspiration et de virtuosité de réalisation. Il y a dans chacun un élément central : un fragment d'os de saint, parfois réduit en poudre et inclus dans une "pâte de
relique", une image pieuse ou une statuette. Parfois encore un morceau de tissu, une pierre d'un lieu saint authentifiée par un évêque. Tout autour, pour le
mettre en valeur, l'art décoratif atteint des sommets de finesse. Le papier, utilisé en bandes plus ou moins larges et roulé sur lui-même, prend tout son
relief grâce à sa tranche dorée. En collant ces paperolles les uns aux autres sur fond de velours ou de soie les religieuses créaient des colonnades, des fleurs et
des fruits, des volutes exubérantes, en y mêlant parfois des pierres semi-précieuses, des coquillages, des fils d'or ou d'argent, obtenant des petits
retables de poche qui imitent les magnificences célestes de l'âge baroque. Livrés à l'imagination des sœurs dans le silence de leurs cellules un peu partout
en France ces reliquaires foisonnants et dorés étaient tout le contraire du dépouillement de leur lieu de vie et demandaient chacun des milliers d'heures de belle ouvrage. Leur part de rêverie ?
Chapelle du Carmel 16 rue de la Motte - 71100 Chalon sur Saône, jusqu'au 24 novembre, tous les jours sauf le jeudi de 14h à 18h, tel : 03 85 44 30 38
http://www.chez.com/tresorsdeferveur illustrations extraites du site ci-dessus
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