Adrien Bas, peintre lyonnais

par Florence Charpigny

Dans le cadre de sa politique de mise en valeur du patrimoine artistique lyonnais,
le Musée des Beaux-Arts de Lyon propose, dans la salle des Lyonnais modernes,
un accrochage des œuvres d'Adrien Bas (1884-1925) conservées dans ses réserves. Douze toiles acquises à l'initiative d'Henri Focillon, uni à l'artiste par des liens d'amitié, lorsqu'il était conservateur du musée.

Le Rhône, la Saône, les ponts, les quais. Quelques fleurs aussi, qui expirent dans leur vase… Les arbres sont toujours dénudés, ils opposent tranquillement la verticalité de leur tronc aux horizontales des ponts, aux obliques des quais. Les masses architecturales sont épurées, quasi géométriques. La touche est large, les couleurs - les rouges, les verts - doucement vibrantes, le reflet précis. A l'évidence, Cézanne est passé par là, et les Fauves. Mais ce n'est pas si simple. Car au-delà même de la touche, de la structure, de la manière, au-delà aussi de la description des lieux, des bouquets, de ces motifs si évidemment lyonnais, il y a cette lumière d'entre Rhône et Saône, une lumière toujours un peu tamisée, un horizon voilé, la lumière qui suit les petits matins brumeux. Et les fleurs sont toujours un peu épanouies, un peu lasses. Tout ce qui évoque, pour le visiteur d'aujourd'hui, la nostalgie d'une ville de suie et de brouillard, la mémoire des somptueux bouquets tissés, l'esprit d'une cité qu'il n'a pu connaître.

C'est en cela, probablement, qu'Adrien Bas est un peintre lyonnais, dans cette faculté de donner à voir le lieu dans la singularité de son identité autant que de sa réalité matérielle. Lyonnais, Adrien Bas l'était de toutes les manières. Né à Lyon, fils d'un tisseur, formé à l'Ecole des Beaux-Arts, engagé dans le milieu artistique local - il figure parmi les fondateurs du Salon d'Automne puis du Salon du Sud-Est dont il ne verra pas la première édition:
il disparaît prématurément en 1925, âgé de 41 ans. Grand voyageur, c'est à Lyon qu'il revient toujours, il y expose, son marchand s'y trouve, et il y participe, pendant ses dernières années, au groupe des Ziniars, qui s'opposent farouchement à l'académisme. Indépendant, anticonformiste, il a su capter la poésie d'une ville austère, toute vouée au négoce : l'année suivant sa disparition, Jean Dufourt publiait Calixte

Jusqu'au 15 décembre 2003
Musée des Beaux-Arts de Lyon
16, rue Edouard Herriot – 69001 Lyon
T : 04 72 10 17 40
Autres expositions au Musée des Beaux-Arts de Lyon:
Leonetto Cappiello : L'art de l'affiche
Portraits d'enfances
Dation Maurice Denis

(1) Adien Bas "Le pont du change", huile sur contreplaqué, 0,45 x 0,54 m (Ph. : DR)
(2) Adrien Bas Vase de digitales, 1918, huile sur contreplaqué, 0,495 x 0, 495 m
(Ph.: François Guy)
Ces illustrations sont extraites du livre "Les Ziniars"
par A. Vollerin, M. Nardone, Ch. Gourdin
 Editions Mémoire des Arts