Conversation.

Par Claude-Hubert Tatot

Le carton d'invitation de la nouvelle exposition de Tito Honegger est dessiné en blanc sur fonds noir. Les lignes légères, tracées avec humour, d'une écriture ferme et incisive représentent des volumes et le plan d'accrochage d'un mur que l'on retrouve dans la galerie.
Cette feuille imprimée peut se lire comme l'esquisse d'une synthèse entre dessins, monotypes et sculptures que Tito Honegger produit depuis plus de dix ans.

Installés sur un des plus grands murs de la galerie Foëx, des volumes produits en 2003 entrent en conversation. Les petits et les grands, les graves et les légers, les discrets et ceux qui sont haut en couleur sont regroupés.
Les formes pleines dont la peau blanche accroche doucement la lumière mêlent leurs ombres rebondies à celles plus hirsutes des fils de fer déroulés, liés et développés dans l'espace. Des pyramides et des tricotages rouges côtoient pour l'occasion des petits assemblages fragiles posés sur des planchettes. Ces sculptures sont placées, comme les convives d'un dîner au début du repas en un ensemble harmonieux. Rien n'empêche cependant que d'autres groupes se forment pour d'autres conversations, pour raconter d'autres histoires. Comme dans un portrait de groupe composé pour l'instantané, chacune garde son caractère et peut selon l'occasion briller seule ou parmi d'autres.

Ce qui est vrai pour les sculptures l'est aussi pour les monotypes, les grands formats verticaux se déroulent à la manière d'estampes japonaises. Ces enchevêtrements de trajectoires ont été travaillés à plat. Tito Honegger a tourné autour de sa plaque de verre pour repousser l'encre, pour dégager des espaces, pour fouiller avec plus d'opiniâtreté la matière à d'autres endroits.
Le mouvement nécessairement plus ample, pour embrasser toute la surface, est à la mesure du corps. Les deux feuilles imprimées sont assemblées et relevées au mur pour nous faire face.
D'autres monotypes plus petits expriment la même énergie et la même attention, le souci de faire vivre la surface, de la découper en plans qui s'étagent sans créer de trouée, de travailler la densité des gris et des noirs tour à tour mats ou brillant tout en conservant sa légèreté au papier.

Ces deux nouvelles séries de monotypes, plus graphiques que les précédentes n'ont pas véritablement de centre. Les lignes se développent sur toute la surface du papier, se nouent à certains endroits comme on le dit d'un dialogue et créent des points de convergences.
L'exposition, nouveau rendez-vous donné par l'artiste aux curieux et aux amateurs, révèle la parenté, entre les pièces que nous avons pu voir auparavant et celles que nous découvrons, entre les œuvres d'une série et entre les différents modes d'expressions. Certains signes et certaines formes se retrouvent différemment interprétés des monotypes aux sculptures. Ils créent des passages et consacrent l'unité du travail. Comme l'annonce le carton d'invitation, ce nouvel accrochage montre comment Tito Honegger développe son propre vocabulaire, une écriture personnelle, entre figuration et abstraction pour mettre à plat le monde ou l'évoquer en volume.

Tito Honegger, jusqu'au 17 avril 2004
Galerie Foëx, 1 rue de l'Evêché, 1204 Genève.
T. 022 311 26 86
Visuel du carton d'invitation ©DR