Grenoble Jazz Festival

Par Christian Delvoye

Blottie frileusement au pied de ses montagnes,
la capitale du Dauphiné se prépare à accueillir son trente-deuxième festival de jazz.
On dit du jazz qu'il est "la plus populaire des musiques savantes et la plus savante des musiques populaires". Le Grenoble Jazz Festival rayonne au-delà de la périphérie de la ville olympique dans une dizaine de municipalités. Il n'oublie pas que sa force réside dans la confiance dont le public lui témoigne. Premier aperçu d'un événement attendu.

Historique.
Loin des circuits et des grandes machines d'été, le festival c'est donné comme but de faire connaître au public les formes innovantes des musiques d'aujourd'hui, les jeunes artistes aussi bien que les musiciens confirmés, tous ceux qui témoignent de la richesse du patrimoine jazzistique. En 1973, fort d'un millier d'adhérents, le "Jazz Club" décide de créer une manifestation sous le nom de 4 Jours de Jazz à Grenoble en conjuguant ses efforts à ceux du Théâtre Municipal et de la Maison de la Culture. Devenu les 5 jours de Jazz à Grenoble, nom qu'il gardera jusqu'en 1982, on trouve, entre autres, à l'affiche durant ces années, Ben Webster, Art Blakey et les Jazz Messengers, Bill Evans, Steve Lacy et même, époque bénie, le Jacques Panisset Quartet avec François Raulin. De 1983 à 1988, sous le nom de Jazz Musiques, le festival accueillera bien d'autres musiciens, des régionaux, comme Gérard Maimone, Louis Sclavis ou l'Arfi de Lyon, aussi bien que ce qui se fait de mieux en Europe ou aux Etats-Unis, les Paul Motian, Steve Swallow, et autres John Scofield. Moment de synergie, avec un fort ancrage territorial, le festival travaille avec les principales institutions grenobloises (Le Cargo, le Théâtre, le Rio, le Musée), ainsi qu'avec les structures associatives (Nem'o, Oreille en Fête,  Arts Mêlés, Courant d'Art) ou privées (Fnac). Face aux enjeux de l'aménagement du territoire, le festival a fait figure de précurseur en évoluant par delà les frontières de l'agglomération, rejoint par les centres culturels d'Echirolles, Meylan, Voiron, Pont-de-Claix, Seyssins, Sassenage entre  autres. Avec un budget total de 4 millions de francs, dont 1,5 millions de subventions des collectivités locales, il se situe entre Jazz à Vienne (15 millions) et Rive-de-Gier (2 millions) dans le paysage des trois grands  festivals rhône-alpins. Depuis 1989, sous son nom actuel, Grenoble Jazz Festival, il est actuellement un des dix festivals français les plus influents par la nature de sa programmation et grâce à la qualité de son accueil et de son public.

La grande scène.
A chaque festival sa personnalité ! Le Grenoble Jazz Festival prend tout à contre-pied. Il ne fait pas dans le revivalisme, ne fait pas passer une tournée pour de la création et ne flirte pas avec les grandes pieuvres de la séduction. Depuis 31 ans, Jacques Panisset  a réussi à imposer un projet européen sans concessions. Modernité, innovations, inédits, à Grenoble et dans la région, la programmation est voulue et sereine. Parmi les invités de cette année, le festival reçoit entre autres Bireli Lagrène Gipsy Project (Le 12), Gil Lachenal "Hommage à Charlie Haden" (Le 13), le Jazzecho de Séverin Batfroi (Le 14 ), Michel Perez Trio (Le 15), le Trio Bozilo, Bojan Z, Karim Ziad et Julien Lourau (Le 16), le trio Chevillon/Corneloup/Lubat (Le 17), Erik Truffaz Quartet (Le 18), Jean-Philippe Bruttman y Compadres (Le 20), Gérard Marais Trio (Le 22), Charles Lloyd et Geri Allen (Le 23 à Grenoble),Dewey Redman Quartet (Le 24), Jacky Terrasson Trio (Le 25), l'Instabile Orchestra (Le 26).  Clôture electro-jazz avec Bugge Wesseltoft et Laurence Revey (Le 27) ce qui  mettra un point d'orgue à deux semaines qui, je crois, seront passionnantes.

Le festival côté off
Pour Jacques Panisset, directeur du festival, "le métissage est au coeur du processus qui a permis la naissance du jazz et longtemps, le territoire américain en a été le symbole et le creuset. Aujourd'hui, le Vieux Continent reprend le flambeau des mains d'une Amérique ou le modèle d'intégration se fige. Peut-être faut-il voir dans ce phénomène le signe que cette musique trouve désormais dans une Europe de plus en plus ouverte, les conditions qui lui permettent de renouveler son langage ". Si, au fil des ans, le festival est resté toujours aussi pétillant, il le doit à trois secrets de jouvence jalousement gardés, trois rendez-vous, dont deux en journée et à entrée libre. A 12H30, les "Solos de la Fnac", la première semaine, puis les "Midi Jazz" qui se dérouleront cette année au musée de Grenoble. 18H30 sonne l'heure de l'apéro. Pour marquer cet instant, le cycle Jazz sans Frontières, actualité du jazz européen au théâtre 145, prélude aux plateaux des grandes soirées. Enfin, quand sonne minuit, l'heure magique où le jour est oublié, la voix du jazz se prolonge par les After Hours, rencontres autour d'un verre, où musiciens et noctambules peuvent ensemble échanger leurs impressions. Le Grenoble Jazz Festival est un événement passionnant, vivant, au programme éclectique, une manifestation qui, qualité oblige, est au plus haut niveau des festivals rhône-alpins.

Grenoble Jazz Festival
Grenoble et Environs.
Du 12 au 27 mars
Renseignements :  04 76 01 21 21
 
www.jazzgrenoble.com