Avril est un mois tellement verdoyant que l'on a presque des scrupules à diriger vos pas vers l'intérieur. Et pourtant les lumières se trouvent aussi dans les musées, théâtres et autres
bibliothèques. Justement deux expositions méritent le détour: Decerle, à la galerie Saint-Georges à Lyon, ce peintre discret et exigeant
poursuit son chemin depuis quarante ans sans se laisser distraire par les modes, puis si vous allez à Paris, il faut impérativement rendre visite à Kangxi au
Château de Versailles. Cette dernière retrace la vie et l'œuvre de ce second empereur de la dynastie Quing qui régna sur la Chine au 17e siècle. En effet, Louis XIV décida de mandater des pères jésuites en Chine et c'est un véritable dialogue scientifique et artistique qui s'instaura entre les deux pays.
Et c'est justement à cette époque que fût entreprise la publication du Dictionnaire de calligraphie dit "de Kangki", l'anthologie des poètes Tang et la rédaction des Annales de la dynastie Ming.
A la Bibliothèque Municipale de Lyon, deux rencontres méritent notre attention. La première s'intitule judicieusement "Dispute sur Teilhard de Chardin
" et l'on ne s'éloigne pas complètement de la Chine puisque ce prêtre jésuite, savant et philosophe, passa vingt ans de sa vie dans ce pays.
Rappelons qu'il fut en conflit avec l'Eglise et que seuls ses livres purement scientifiques furent publiés de son vivant. Le débat s'annonce passionnant lorsque l'on sait qu'il sera animé par
Jacques Arnould, dominicain, spécialiste, notamment, de l'histoire des sciences et par Jean-Didier Vincent, célèbre neurobiologiste (et, soit dit en passant, fin gastronome!).
En 1951, Teilhard de Chardin écrit : "En ce moment, comme au temps de Galilée, ce qui nous est nécessaire, ce sont bien moins de nouveaux faits qu'une nouvelle façon de regarder
les faits. Une nouvelle manière de voir liée à une nouvelle manière d'agir. Voilà ce qu'il nous faut". Cette réflexion, à l'ère des Nouvelles Technologies, n'est-elle pas toujours d'actualité?
A ce moment là, il a soixante-dix ans et s'installe définitivement à New York où il poursuit son travail à la Wenner Gren Foundation. Il meurt en 1955 le jour de Pâques!
Quant à la seconde rencontre, elle est consacrée à Jean-Pierre Bobillot, un de nos grands poètes contemporains, on ne vous en dit pas plus mais une chose est sûre, cela ne devrait pas triste!
Elisabeth HAMON
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