Pierre Leygonie,
période rouge.

Par Martine Chantereau

L'Arc présente 20 ans de peinture rouge d'un artiste qui sait transfigurer la vie en aplats lumineux embrasé par une insatiable passion de la couleur.

Pierre Leygonie est du pays. Né au Creusot en 1923, il commence à peindre très jeune puisque dès l'école primaire il fabrique des bandes dessinées sur des rouleaux de papier servant de doublure aux rubans
de chapeaux des magasins familiaux.
A 17 ans il a ses premiers acheteurs, avant même d'entrer aux beaux Arts de Dijon, où il obtient la médaille de peinture. Après la guerre il se consacre totalement à la peinture, expose en France et à l'étranger tout en enseignant les arts plastiques à Autun pendant 20 ans, et au Creusot pendant 5 ans. Il reste fidèle à son pays natal. Il travaille dans son atelier du Creusot l'hiver, dans un autre à Uchon l'été, pratique quotidienne et passionnée interrompue seulement par ses voyages en Italie, en Grèce, en Afrique où il se ressource en thèmes, en lumières, en couleurs qui vont nourrir sa peinture pendant des mois. C'est ainsi qu'un voyage à Florence lui inspire quelques toiles d'après Boticelli et que la rencontre avec Tintoret va enfanter 27 tableaux.

En 1990 il découvre la Bretagne où il va séjourner pendant 8 ans. Elle déclenche un appétit inassouvi pour les teintes subtiles et mouillées des ciels et des rivages, des plages et des nuages, des ports et des falaises. Mais la période qui nous intéresse ici, exposée en tryptiques monumentaux à L'Arc, concerne les années de 1970 à 1990.
Il se consacre alors à une couleur unique, le rouge, infiniment déclinée dans toutes ses ardeurs, du rouge passion au coquelicot tendre, de l'orange violet au carmin flamboyant. Presque toujours, des personnages habitent les lieux, des femmes en toute intimité dans une nudité assourdie, ou des acrobates voltigeurs, suspendus dans un rêve rouge entre ciel et terre. Ce rouge radical, loin de tout tapage, est étonnement silencieux. Nul cri, nul heurt avec une autre couleur ne vient perturber une harmonie qui a pris le parti d'un profond onirisme, solidement composé dans un espace réinventé comme un Nicolas de Stael savait le faire, par pans de lumière dans des aplats hérités du cubisme, qui ne s'embarrasse pas de détails mais dit en une fois l'atmosphère, la forme, le mouvement et l'intention.
Son écriture picturale presque en relief est très personnelle, et signe son œuvre qui compose entre classicisme et modernité une belle plage de peinture.

Jusqu'au 30 octobre 2004
L'Arc, esplanade François Mitterrand, 71200 Le Creusot
Du mardi au vendredi de 13h 30 à 19h, samedi et dimanche de 15h à 18h
T : 03 85 55 13 11
Ph. : ©DR