*** 2046 Réalisateur : Wong Kar-wai (Chine) En Compétition (Cannes 2004) Par Christian Delvoye
Il était écrivain. Il pensait écrire de la science-fiction mais il écrivait sur le passé. Dans son roman, un mystérieux train partait de temps en temps pour 2046. Tous ceux qui partaient là-bas étaient mus
par la même intention: retrouver leurs souvenirs perdus. Certains affirmaient qu'en 2046 les choses étaient immuables. Personne En tout cas, nul n'en était jamais revenu. Sauf lui. Il voulait changer. Retour en arrière, en 1999. Alors qu'il tourne In the mood for love, Wong
Kar-waï filme quelques plans qu'il destine à son opus suivant, mais dont il ne restera plus rien dans la version finale, le titre se référant à la chambre qu'occupent les amants esseulés. 2046
désigne à la fois le feuilleton de science-fiction qu'écrit dans le film Tony Leung en 1967 (Il reprend ici le rôle qui lui avait valu un prix d'interprétation à Cannes en 2000) dans la chambre
2047 et le numéro de la pièce voisine occupée par Zhang Yiyi dans cet hôtel de passe. Ce n'est pas la suite de In the mood for love mais plutôt le
prolongement du parcours d'un des protagonistes. Les personnages peinent à quitter un lieu imaginaire, comme le réalisateur refuse d'abandonner l'esthétique de In the mood for love. 2046
est une métaphore de la mémoire. Leung est prisonnier de ses souvenirs. Les trois femmes qu'il aime ont chacune une valeur symbolique. Gong Li représente le passé, Zhang Yiyi le présent et
Faye Wong, que Wong Kar-waï avait déjà dirigé dans Chunking Express, le futur. Wong Kar-waï retrouve également pour l'occasion son chef opérateur
Christopher Doyle, qui signe l'image avec les Chinois Lai Yu Fai et Kwan Pun Leung, et le compositeur Shigeru Umebayashi, dont on n'a pas oublié la
formidable musique du film précédent. Mais il utilise des standards et fait aussi appel à l'Allemand Peer Rabben qui signa naguère la bande originale de
nombreux films de Rainer Werner Fassbinder. Malgré, et peut-être à cause de, tout cela, à la projection, j'ai eu nettement une impression de déjà vu, sans remarquer vraiment de différences.
Faut-il voir le film comme un résumé, une conclusion de tous les films de Wong Kar-waï?
****Coup de Folie***Coup de Coeur**Coup d'Oeil*Coup de Pied. Photo : Tony Leung (c) Service Presse Océan Films. |