The silencers
Retour vers le futur

Par Jean-Paul Gavard-Perret

" Come " n'est pas un simple retour au bon vieux du temps de Rock'n Roll. C'est plus intéressant
et compliqué que cela. Jimme O'Neill et les siens, fidèles à l'esprit de Glasgow (même si le leader vit désormais en Bretagne bretonnante) dont les Silencers sont issu et où ils vont faire leur retour sur scène en prélude d'une longue tournée 2005, offrent grâce au label Keltia - un album studio, le premier depuis très longtemps, intelligent et moins " rétro " que ce qu'en dit la critique. Ancré dans la celtitude et donc " pensant la vie en poète " (O'Neill) " Come " est à la fois cohérent et varié et peut se situer entre les opus de groupes moins âgés : Radiohead et Stererophonics - pour reprendre deux groupes emblématiques de la dernière décennie.

Comme pour eux, chez les " Silencers " le rock n'est pas " revival " et le retour aux sources n'empêchent pas l'expérimentation : " Siddherta ", " Let it happens " et même une " intro " non négligeable créent un univers qui se décale des modes vers quelque chose que la rock musique peut désormais revendiquer : une musique intemporelle. On n'est plus dans ce qu'on connaissait du groupe, on n'en est pas pour autant si éloigné que cela, comme si le jeu de l'éloignement ouvrait à une nouvelle proximité. Entre timbres suaves ou mélodie minimale ("It's no a secret ") jusqu'à l'apparent chaos terminal de " Head " surgit tout un univers décalé mais qui pourtant reste en communion avec les sons de notre temps. C'est pourquoi réduire les Silencers à des représentants du feu rock épique (au côté de The Waterboys ou Big Country) reviendrait à trahir un travail ambitieux et parfaitement produit. On comprend mal d'ailleurs l'ostracisme de labels qui dédaignent un tel groupe qui non seulement a fait ses preuves mais prouve aujourd'hui qu'il possède toujours une musique plus qu'intéressante à faire attendre et univers riche et varié. Il est vrai que si le groupe a connu de gros succès en Europe (Ecosse compris) il a toujours été boudé par l'Angleterre. Et c'est bien là que le bât blesse puisque tous les labels font et défont la musique rock et pop depuis Londres qui a toujours superbement ignoré les Silencers. Il y a pourtant chez eux une belle leçon de musique. D'autant qu'O'Neill (en dépit de ses 54 printemps qu'il ne porte pas) a su prendre ici tous les risques en trouvant du sang neuf pour sa nouvelle équipe - dont sa fille Aura qui chante trois titres (" I Belong ", " Alchemy " et " It's not a secret " déjà cité) et ouvre ainsi l'album à une dimension de féminité qui n'est pas ici uniquement synonyme de fraîcheur ou de douceur. C'est là le gage d'une liberté et d'une créativité transversale auxquels les cinq albums des Silencers nous avaient déjà familiarisés. On ne fait pas que les apercevoir, elles sont même le fil rouge de " Come ", qui marque un nouveau départ pour le groupe. Car loin d'un simple retour au source, le rock pluriel des Silencers est un pont lancé vers le futur. Il faut donc que - quoiqu'en jugent les gourous londoniens - le silence cesse à leur égard.

The Silencers, Come, Keltia Music, Rennes.
Concerts en Suisse :
Vendredi 28 Janvier : Le Chat Noir, Carouge
http://www.chatnoir.ch
Samedi 29 Janvier : Yukon Café, Collombey le Grand (Valais)
Toutes les informations :
http://www.thesilencers.fr.fm
Jimme O'Neill (Ph. : ©DR)