Jazz-o-thèque Par Christian DelvoyeOlivier Calmel – Mafate
– Editions Delatour Olivier Calmel aux claviers, entouré d'un orchestre qui pourrait être un orchestre à corde, alto, basse, guitare, auquel on aurait ajouté batterie et percussions, des compositions personnelles,
des variations sur "Watermelon Man" de Hancock, de la musique de films et, pour terminer, le 2ème mouvement d'une sonate pour deux pianos, bref un
joyeux fouillis qu'on écoute cependant avec plaisir. Les musiciens, tous dotés d'une belle maîtrise, exécutent les onze morceaux à la sonorité chaude, parfois
dissonants, toujours swinguants, avec un traitement étudié où le bon goût excelle. Un disque une fois de plus original, démontrant tout le talent des
jeunes musiciens qui font vivre le jazz en France, et d'une belle manière. Jean-Charles Capon –Blue Rondo a la Turk – Frémeaux & Associés Jean-Charles Capon est un violoncelliste qui anime l'instrument
avec la complicité de la fée électrique, donnant ainsi un univers musical singulier, attrayant et harmonieux, qui raconte des histoires où musiques actuelles et jazz font bon ménage. Pour parfaire son
œuvre, il a, à ses côtés, Richard Galliano, instrumentiste convainquant qui utilise accordéon et bandonéon en les faisant littéralement chanter et Gilles
Perrin, au vibraphone et percussions, qui stimule l'ensemble. Capon est un violoncelliste délicat, harmonieux, qui ne court pas les sentiers battus, mais officie très joliment dans le monde du jazz, avec des comparses
remarquablement attentifs. Un disque à part qui démontre le talent de ce trio à la fois dépouillé, intime, à la fraîcheur musicale au premier rang. Charles Lloyd – Jumping the Creek – Ecm/Universal Le quartette de Jumping Creek aborde toute l'histoire du jazz,
dans l'esprit où Charles Lloyd l'expérimenta, et le plus souvent, propose une vision qui va au-delà. Les photographies du livret montrent Lloyd avec Coleman Hawkins, le rival de Lester Young, pour le titre
du meilleur saxophoniste ténor. Charles Lloyd a appris autant de l'un que de l'autre quand il travaillait à trouver sa propre voix. Johnny Hodges fut une autre de ses premières influences et le thème d'Ellington,
Come Sunday, reste à jamais associé à sa sonorité douce-amère. Il est à son tour devenu aujourd'hui un maître de la nuance capable d'arracher à n'importe quelle
mélodie son sens caché et ses émotions les plus subtiles. Jumping Creek est le 11ème album enregistré par Charles Loyd pour ECM. Dino Saluzzi – Senderos – Ecm/Universal Bandonéon et batterie ? Voilà un duo dont l'instrumentation, sur
le papier, semble bien peu orthodoxe. Mais, Dino Saluzzi n'est pas un bandéoniste comme les autres et Jon Christensen s'avère un batteur tout aussi peu conventionnel. Avec eux, la plus étrange des
associations se met au diapason. L'impression globale que donne l'écoute de Senderos est d'être en présence d'artistes qui pensent tout haut, comme s'ils
donnaient forme à la musique dans l'instant. Dix pièces du répertoire sont des duos dus à la plume de Saluzzi, d'autres issus d'improvisations libres. On
trouve également quatre solos de bandonéon qui semblent se fondre dans la nostalgie de la vie simple que Saluzzi, aujourd'hui âgé de soixante-dix ans,
menait, il y a bien longtemps, dans son village de Campo Santo. Claude Terranova – Evanescence – Night & Day Architecte de l'instant, résolument tourné vers le jazz, Claude Terranova signe ici un premier album solo, synthèse de ses
multiples expériences. Certes, il a étudié les grands pianistes du jazz, Art Tatum entre autres, mais surtout Martial Solal, dont on retrouve les
influences sur " Night in Tunisia " de Gillespie ! Claude Terranova prend un certain plaisir à faire ressortir ses idées mélodiques. Du jazz généreux,
astucieux, avec un côté très harmonique, ce qui ne gâche rien, et qui s'étire langoureusement sur les tempos lents ou rapides. Un disque tout à fait
engageant dans l'actualité des pianistes "solo" C'est le gage d'un artiste sans limites qui n'a pas fini de nous étonner. Un grand disque de solo, c'est très rare. Précipitez-vous! Muriel Zoe –
Neon Blue – Act Company/Night & Day
Enfin, du nouveau ! Cela bouge sur la jeune scène jazz allemande ! Muriel Zoé nous vient en droite ligne de Hambourg. Chanteuse à la voix fraîche, possédant des élans parfois très
cristallins. Muriel Zoé sait aller de la confidence susurrée à la puissance. Elle possède une voix pertinente et originale, qu'elle maîtrise sans efforts, le tout
reposant sur quatre musiciens exemplaires, Matthias Pogoda (Guitares), Michael Leuschner (Trompette, bugle), Johannes Huth (Contrebasse) et
Michael Verhovec (Batterie). Elle interprète ici treize chansons, certaines compositions personnelles, d'autres reprises de Cole Porter, June Carter-Cash ou du duo Lennon-McCartney. Le charme de la jeune chanteuse
fait son œuvre et nous conforte dans des cheminements où le jazz est très présent. A suivre, car le départ est prometteur ! |