4179 Chambre

Chambre

Par Dominique Dubreuil

Les "saisons" n'ont pas vraiment commencé,
sauf à Grenoble dans la série qui joint tableaux et concerts. "Musée en musique" propose trois rencontres, et d'abord avec la pianiste Anne Queffélec, au programme fort éclectique et généraliste du XVIIIe au XXe. Haendel y précède Beethoven pour la très aimée op. 27/2 (alias "Clair de Lune") et des Bagatelles comme esquisses picturales avant grand œuvre. Un 2^nd groupement tourne dans l'air du soir impressionniste et symboliste: extraits du 1^er Livre des Préludes debussystes, et le Ravel solitaire d'Oiseaux Tristes, Noctuelles et d'Une Barque sur l'océan. Une pièce de Philippe Hersant fait lien avec notre époque.
(12/10 - T. 04 76 87 77 31; http://www.musee-en-musique.com
Puis un grand communicateur-pédagogue, Jean-François Zygel, virtuose en situation d'interface avec le public, commente la flûte de Vincent Guillot dans Debussy. (20/10).
A l'orée de novembre, c'est un trio clarinette (Nicolas Baldeyrou), violoncelle (François Salque) et piano (Edna Stern) qui avant de se consacrer au romantisme initial de Beethoven (op.11) et terminal de Brahms (op.114) explore la sensibilité de "La Vie juive" par la Prière d'Ernst Bloch (02/11).
Dialogue bien plus fiévreux et angoissé, au cœur battant du romantisme? Voici une nouvelle version – qui se lasserait d'être conduit à l'essentiel? – du 14^e Quatuor de Schubert. Le mouvement lent reprend un lied tragique entre tous, La Jeune Fille et la Mort , et l'ensemble de l'œuvre est paraphrase de ce face-à-face. C'est le jeune quatuor Esteves (Americo Esteves, Thomas Gautier, Alphonse Dervieux, Guillaume Antonini) qui reprend ce "chemin vers l'intérieur"; l'intérêt du concert est accru par la présentation de synthèse analytique et de dialogue avec les interprètes accomplie par Daniel Gaudet dans le cadre de sa série au "Toboggan" (Décines (69), 11/10; T. 04 72 93 30 00).
On n'omettra pas le concert russe à la salle Varèse, en duo moldavo-roumain…La soprano Diana Axentii et le pianiste Valery Rogacev sont fort lauréés après avoir fait escale de formation au CNSM-Lyon ( V.Rogacev y enseigne maintenant le déchiffrage): prix au Festival d'Aix et à Verbier (classes de Gundula Janowitz et Thomas Quasthoff) pour la soprano, concours international Mozart présidé par Alfred Brendel pour le pianiste.
Des mélodies de Glinka, Tchaikovski, Rachmaninov et Stravinsky constituent le tour d'horizon de leur récital.
(CNSM, 27/10 - T. 04 72 19 26 61 ; http://www.cnsmd-lyon.fr
Au même lieu "varésien", un spectacle "bleu d'outremer, pour stimuler l'esprit": le Concert Impromptu (quintette à vent) et le pianiste Bruno Belthoise emmènent à la frontière (d'ailleurs imaginaire) entre Portugal et Espagne, là où se croisent les pensées d'Elena Vieira Da Silva et de René Char.
Une œuvre de Fernando Lopes-Graça est précisément commentaire de la peinture, une autre de Sergio Azevedo, en création, invite à suivre "Ariane dans son labyrinthe"; Felipe Pires, Bernard de Vienne et Messiaen sont également au programme. (19/10).
Dans une tonalité plus grave, on pourra compléter le programme symphonique 13 et 15/10 avec des solistes de l'ONL: les pièces "de résistance" (Les Canuts, Lyon-1943, l'Eroïca ) y sont reprises dans leur version soliste ou chambriste, le compositeur Stefan Litwin étant au piano, et un récitant (Assaf Levitin) se joignant aux instrumentistes. On y entendra aussi la rare Ode à Napoléon de Schoenberg, sur un texte de Byron qui dénonce la tyrannie ( 16/10).
On pourra aussi, le long de la Saône (mais rive gauche), s'Embarcadérer sous la conduite de l'Ensemble Tonalys et du clarinettiste François Sauzeau: Mozart (Trio des Quilles) et Schumann (Quatuor avec piano op.47) sont au programme. Mais aussi on fera découverte de deux œuvres dues au pianiste et compositeur Jean-Marie Bardèche, un Chambéryen travaillant au CNSM de Lyon, très attaché au spleen baudelairien et à la poésie en général
(16 oct.; T. 04 78 28 69 54).
Pour revenir au classique intégral, voici encore un "week-end Mozart" proposé par le Quatuor Debussy et le Quintette Moragues. Les quatuors avec flûte, piano, les quintettes avec cor et clarinette, des transcriptions de symphonie (la 40^e), de sérénade et d'ouverture d'opéra figurent dans ce marathon (5 fois, mais une heure chacun). C'est ce qu'on appelle un prélude à une certaine année 2006, vous savez pourquoi on ne va cesser de vous en parler d'hiver en hiver… (Chambéry, Scène Malraux, 07 et 08 octobre / T. 04 79 85 55 43)