Napoléon Bullukian

À l'occasion du centenaire de la naissance de Napoléon Bullukian et à la veille de la célébration de l'Année de l'Arménie, la Fondation Léa et Napoléon Bullukian rend hommage à son fondateur en présentant un ensemble de documents inédits témoignant de la vie de Napoléon Bullukian. Plus d'une centaine de photographies, documents officiels, médailles et objets llustrent le parcours de cet homme qui a marqué le milieu du XXe siècle à Lyon de son empreinte par sa personnalité, son ingéniosité, sa combativité et sa générosité.

Cette exposition entend présenter une personnalité mal connue, voire méconnue, qui a pourtant beaucoup œuvré pour Lyon et pour les autres, grâce à un dispositif particulièrement abouti et une scénographie propres à permettre aux visiteurs d'aborder les différentes facettes de l'homme : comment un petit immigré arménien victime du génocide de 1915 est devenu, à force de volonté, de travail et d'humanité, un bâtisseur, industriel, visionnaire et mécène… C'est une opportunité, pour la Fondation Léa et Napoléon Bullukian, de transmettre le message de son fondateur, un message tourné vers l'avenir.

Napoléon Bullukian est né en 1905 à Malatia, dans une région de l'Empire ottoman à forte population arménienne (actuellement en Turquie). Au cours du génocide arménien de 1915, son père et ses oncles sont assassinés, Napoléon lui-même déporté, puis vendu comme esclave à un chef de tribu kurde. À la fin de sa vie, il écrira, dans De l'Ararat à Napoléon, l'histoire de ses souffrances, des horreurs vécues pendant le génocide et son parcours d'intégration dans son pays d'adoption, la France, où il arrive à Marseille, en 1923. Totalement démuni mais bénéficiant de la solidarité arménienne, il poursuit sa route jusqu'à Saint-Chamond où il travaille, comme manœuvre, aux Aciéries de la Marine, avant de gagner Lyon puis Paris.  Naturalisé français en 1928, il accomplit son service militaire dans la Marine nationale, puis s'installe définitivement à Lyon en 1930. Tout d'abord ouvrier maçon, il se met rapidement à son compte: à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il possède sa propre entreprise de bâtiment. C'est au cours de ces années d'intenses activités qu'il fait la connaissance du Président Edouard Herriot, en qualité de délégué de la communauté arménienne de la région.
Mobilisé en 1939, il rejoint une unité d'infanterie et, après la défaite, prend une part active dans l'un des premiers réseaux de la Résistance française, Le Coq Enchaîné. Là, il œuvre aux côtés de Louis Pradel, futur maire de Lyon, et de ses amis du Grand Orient de France.
Après la Libération, il donne une impulsion nouvelle à son entreprise de construction et, à partir des années 60, diversifie ses activités et s'engage dans l'industrie plastique. Il poursuivra ses activités jusqu'à sa mort, le 12 avril 1984.Peu de temps auparavant, il avait légué l'ensemble de ses biens à la Fondation de France pour qu'une fondation portant son nom soit créée. Napoléon Bullukian et son épouse Léa, originaire de Dortan, décédée le 13 décembre 1975, reposent au cimetière de Champagne-au-Mont-d'Or.

L'exceptionnel destin de Napoléon Bullukian présente le témoignage bouleversant d'un homme qui, malgré l'horreur du génocide arménien, lance un formidable message d'espérance pour les générations futures. À l'aube d'un siècle en proie à de profondes mutations culturelles, économiques et techniques, sa vie et son histoire ne cessent de nous interpeller. Portant au quotidien les atrocités du génocide arménien, Napoléon Bullukian, tout au long de sa vie, a constamment regardé vers l'avenir. Par sa volonté et son sens du travail, il n'a eu de cesse d'aller de l'avant, à la rencontre des gens et des cultures. Il a encouragé la création, en soutenant d'un même enthousiasme les artistes, la recherche médicale pour développer le cœur artificiel, la lutte contre le cancer, la recherche industrielle, et en aidant aux échanges dans ces domaines, créant des rencontres, travaillant toute sa vie pour que celle-ci, bien que brisée à jamais, ne soit pas vaine.

Au désir de montrer la totalité des activités de Napoléon Bullukian à travers cette exposition s'ajoute une exigence : éviter la commémoration, le mausolée ou l'inventaire. Pas question de muséifier celui qui a passé sa vie à lutter contre toutes les formes d'enfermements : l'exposition a une fonction d'interrogation plus que d'information. Elle veut questionner le visiteur sur ce que représente aujourd'hui la vie de Napoléon Bullukian, sur le message laissé aux générations futures et que la Fondation a la charge de transmettre. Son parcours peut servir de référence pour montrer comment la volonté de l'homme peut se jouer des vies prédestinées. Son chemin fait écho à d'autres vies, d'autres destins. La Fondation qui porte son nom et qu'il a souhaitée pour continuer son œuvre est porteuse de sa mémoire et de sa volonté. Non pas prisonnière du passé mais tournée vers l'avenir, vers l'innovation et la modernité que Napoléon Bullukian incarnait passionnément.

Jusqu'au 02 avril 2006
L'exceptionnel destin de Napoléon Bullukian - 1905-- 1984 - d'esclave à citoyen
Échanges Culturels Bullukian
26, place Bellecour / 69002 – Lyon
www.bullukian.com
1) Napoléon Bullukian et les professeurs Marion et Mayer © Droits réservés