Stéphane Juranics

 

 

Le poème comme rose épineuse de temps et chaque phrase telle une flèche inatteignant la corde vibrée de l'arc. L'homme le sait-il toujours est ce déporté amer de ne pas exhumer l'impact resurgir les vertèbres du ciel. Train fou de la durée qui jamais ne s'arrête frôlant ce qu'un rien accélère - ces trouées dans l'atmosphère enfouie du corps où un vent unanime lave le sillon d'épigrammes sans mémoire.  Sur la vitre certains soirs une larme irisée d'univers. Les lèvres s'y bandent ou fait tendre la voix vers l'au-dehors si infime qu'une détresse sans fond nous noie.

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Solitude sans nom
Ceux qu'on torture
Ou l'aveu translucide des feuillages

*

Le palet de la lune sur la marelle des nuits. Le sang invitant l'encre des lèvres. Sous le porche des veines ce rôdeur d'ellipse en appels d'airs muets. Sans doute serait-ce ne plus remettre le plus tôt à trop tard - serait le ventre ouvert où le corps chemine ses traces. Baptême du givre éperdu au long des rails d'automne. Slogans lapidaires des saules et le radical seulement des quais. N'ayant plus que la force d'au plus loin. Terrains vagues au rire ultime où rien n'existe quand rien ne nomme.

A publié trois recueils aux éditions La Bartavelle: Une chaise manque à la terrasse (1991), La fenêtre sur l'hiver (1994), la veille du nocturne (1998).
A également publié dans diverses revues, dont Poésie-Rencontres, Sarrazine, Le Croquant, Aube Magazine, Arpa, Lieux d'Etre, Verso, Flugashe, etc.
A reçu une bourse d'aide à l'écriture de l'ARALD en 1994.
Stéphane Juranics a tout juste 30 ans , mais déjà son nom s'inscrit, a juste titre, dans l'histoire de la poésie contemporaine. Un grand merci à Georges Hassomeris qui a eu l'intelligence et la générosité d'établir le contact pour le faire publier. (E.H)
 
 
Photo: Culot sculpté du passage voûté du 18 rue Juiverie