L'HUMANITE
par Christian Delvoye
Film de Bruno Dumont
Avec Emmanuel Schotte, Séverine Caneele, Philippe Tullier, Ghislain Ghesquière, Ginette Allègre. (1999 - 02H28) Prix du Jury (Cannes 1999) Prix d'Interprètation Masculine : Emmanuel Schotte (Cannes 1999)
Prix d'Interprètation Féminine : Séverine Caneele (Cannes 1999) Le film retrace quelques jours de la vie d'un flic dans une petite ville du nord de la France. L'histoire se passe à Bailleul, comme
La Vie de Jésus, premier film de Dumont, mais "trois rues plus loin". De nos jours, Pharaon De Winter, officier de police, n'a que peu de personnes à qui parler et ne s'adresse presque qu'à
lui-même. Son travail, une enquête sordide, découvre lentement son désespoir et l'effroi de sa propre culpabilité, une culpabilité universelle, celle de notre
monstrueuse nature. Il est amoureux d'une voisine, Domino, ouvrière. Il est devenu son ami et un peu celui de son copain Joseph, un chauffeur routier
scolaire. Domino a une sympathie très pure pour Pharaon qui lui, se mine de son amour pour elle. Il n'a que ses yeux pour dire sa mélancolie, mais sa
tronche s'allonge quand Joseph et Domino se touchent devant lui. Ils s'attirent malgré eux, tous, les uns et les autres, mais en souffrent. C'est une tragédie,
parce qu'ils seront lucides et clairs jusqu'au bout de leur histoire. Ce sont les corps qui commencent, puis cela vient plus tard à l'esprit. Le film est le lent
déroulement de cette idée : le corps est absolument le commencement de l'esprit, son début. Le film La Vie de Jésus a été acclamé et récompensé dans
le monde entier. On attendait donc le réalisateur au tournant pour ce deuxième opus. Il est beaucoup question de sentiments dans l'Humanité, mais aussi de
sexe, de fleurs, d'odeurs, de maisons simples. On y découvre des décors sociaux admirablement visités, un commissariat, un hôpital psychiatrique, un
musée. Mais on est en présence d'un vrai cinéaste et on découvre, mieux qu'un regard, une véritable profession de foi. Bruno Dumont dresse l'état du
monde non comme il est mais tel qu'il le voit. Il n'est pas sûr que son avis soit partagé. Cinéma agaçant mais généreux et inspiré, le film se retrouve là où son
réalisateur a voulu le placer, entre indécidable et indécidé. Dans les salles à partir du 27 octobresPh. : R. Arpajou
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