Philippe Clément 
Metteur en scène
des villes et des champs.

Propos recueillis par Isabelle Chamiot

Philippe Clément, directeur du Théâtre de l'Iris à
Villeurbanne met en scène, du 2 au 22 décembre

Les Tribunaux Rustiques d'après Guy de Maupassant. Avec cette pièce, la compagnie Avril 6 lève le rideau sur sa 26e création.
Interview d'une metteur en scène à l'accent vrai.

Pourriez vous en quelques mots présenter votre pièce ?
Il s'agit ici d'une adaptation d'œuvres de Guy de Maupassant et non d'une pièce. C'est un regroupement de contes et nouvelles qui s'articulent autour du monde paysan de la fin du siècle dernier. Ces différents textes permettent de raconter une histoire où se mêlent situations tristes et situations colorées. Il y a beaucoup d'humour dans ces dialogues mais un humour acerbe, acide comme peut l'être le monde paysan avec cette dureté quotidienne.

Vous parlez du monde paysan au 19e mais y aurait-il une transposition actuelle avec un retour prononcé vers le naturel ?
Oui, il y a une transposition possible dans notre société actuelle avec ce souci du naturel, de l'écologie mais dans Les Tribunaux Rustiques, je montre que même si les formes sociales, les acquis sociaux ont changé, ont évolué, le fond de la nature humaine est toujours le même.

Votre pièce traite donc du jugement.
Oui, les différences entre l'époque de Maupassant et la nôtre se font au travers des jugements que l'on porte sur les autres. Ces jugements sont exprimés de façon différente. Si vous réfléchissez, ce qui était condamnable au 19e siècle ne l'est plus forcément aujourd'hui. Les critères de jugement ont changé.
Les différents personnages accusés et qui se présentent devant le tribunal ne sont que rarement inculpés par le juge de paix.

Et le décor, comment va-t-il être construit ?
Il sera sobre comme pouvait l'être un prétoire à la fin du 19e : une barre de bois blanc où prêtent serment les accusés et accusateurs, un christ en bois car c'est aussi la justice de Dieu que l'on rend. Les personnages seront quant à eux peints sur deux panneaux. Ce seront des images d'Epinal dont le visage sera représenté par un rond vide dans lequel le comédien glissera la tête donnant ainsi vie à ces paysans. Il y aura au total dix personnages joués par trois comédiens.
L'important ce sont ces gens de condition médiocre qui devant nous s'agitent et donnent un aperçu de leur vie.

Pour en revenir au texte , pourquoi Maupassant et pas un autre ?
Tout simplement parce que Maupassant est pour moi le pendant de Zola et le fils spirituel de Flaubert. Il aime le monde paysan, il le décrit avec justesse car il sait que ces gens modestes sont les racines de notre société. Maupassant montre toujours des personnages très nuancés qui oscillent entre noirceur et drôlerie. Il y a d'autres auteurs qui ont choisi de parler de la campagne et de ses travailleurs comme Roger Martin Du Gard ou encore Henri Pourrat. Mais pour moi, Maupassant et le plus riche.
J'avais depuis très longtemps envie de faire un spectacle sur ces paysans et cette année, je réalise mon souhait.