Régine Chopinot
ou le temps de la danse

 par Nathalie Demichel

Régine Chopinot résume à elle seule certains aspects et une certaine évolution de la danse contemporaine française. Son parcours est emblématique. Elle découvre la danse contemporaine avec Marie Zighera, à Lyon et enseigne sur les pentes de la Croix-Rousse (Véronique Ros de la Grange a été une de ses élèves). Elle crée sa première compagnie en 1978, époque durant laquelle la jeune danse française est en ébullition créative. Elle est révélée, comme nombre de chorégraphes de sa génération, par un prix à Bagnolet et se voit confier, en 1986, la direction du Centre Chorégraphique National de La Rochelle, créé ainsi que le furent tant d'autres CCN aux quatre coins de France. L'évolution même de Régine Chopinot résume bien des métamorphoses. Car si on l'a connue dans les années 80, turbulente, parfois un brin provocatrice, s'essayant à danser dans les airs dans "Rossignol", sur un ring avec "K.O.K.", ou à porter les créations de Jean Paul Gaultier dans "Défilé", il semblerait qu'elle se soit tournée vers d'autres voies de recherche, peut-être plus sereines, plus profondes, en s'acclimatant au doux climat rochelais. On sent l'aspiration à un certain dépouillement, loin du superficiel et du spectaculaire.

Sa dernière création, "La danse du temps", franchit un des tabous habituellement attaché à la danse, certains de ses interprètes sont des danseurs âgés. Notons au passage qu'il est très étonnant qu'il n'y ait pas eu jusqu'à présent d'exploration du mouvement au travers du prisme de l'âge. Ces danseurs ce sont Françoise et Dominique Dupuy, qui, en 50 ans de carrière, ont marqué de leur empreinte la danse contemporaine française, mettant au point leur technique et formant de nombreux danseurs. Leur travail est si particulier que l'on peut reconnaître à coup sûr un danseur qui à suivi leur enseignement; il donne les dos les plus fluides, les plus vivants qui soient.
"La danse du temps" est une rencontre entre ces trois chorégraphes de parcours très différents, la musique du compositeur vietnamien Tôn-Thât Tiêt et le film du plasticien anglais Andy Goldsworthy qui sera projeté sur scène.

Maison de la Danse de Lyon - Du 26 au 28 janvier 2000
Renseignements au : 04 72 78 18 00