Patrick Bailly-Maître-Grand

Par Sophie Bellé

De passage en Arles, pendant les Rencontres de la Photographie 1999, vous aviez certainement remarqué parmi les mille et une merveilles Dards d'art au Musée Réattu, les araignées et autres mouches "millimétrées" de Patrick Bailly-Maître-Grand, surprenantes images "contact" produites avec les "corps" des insectes graciles…
Le parcours qui nous est proposé aujourd'hui permet de suivre quelques-unes des innombrables pistes qu'emprunte et explore depuis plusieurs années, avec une égale passion et une curiosité sans failles, Patrick Bailly-Maître-Grand, photographe, physicien, chimiste.

Son œuvre singulière et savante, témoigne d'un très vif intérêt et d'une véritable fascination pour un médium: la photographie, dont il n'a de cesse d'interroger la "mécanique", astucieuse, l'histoire, complexe, pour en saisir au mieux toutes les subtilités et vertus paradoxales.
Toute commence avec le daguerréotype, procédé ancien mis au point par Daguerre en 1939 qu'il redécouvre en 1982 (daguerréotype: image positive directe, obtenue sur une plaque de cuivre couverte d'une couche d'argent et ensuite polie, image unique). Suivront alors deux années de recherches sur le procédé fameux et sept années de travaux réalisés avec cette technique.

A partir de 1986, il expérimente une technique de prise de vue en mouvement: la périphotographie. Sa série "Formol's Bad" réalisée à l'époque est une étude saisissante, fantastique et tentée d'ironie, du développé de bocaux cylindriques contenant des animaux naturalisés dans du formol.
Soucieux d'inaugurer et d'expérimenter d'autres voies, il se lance en 1987-88 dans l'approfondissement, sous forme d'installations optiques ("pièges optiques"), de la camera obscura: les "Optica Naturalis".

Par séries entières, il explore et réinvente les procédés anciens tels: la solarisation (en 1990, "Les Digiphales, études de doigts traitées comme autant de mégalithes menaçants, en grand format, noir et blanc, solarisées, doublement virées…),le virage, le rayogramme ou photogramme (dès 1987 avec la série"Les mouches", "Les araignées".."Les nippones d'eau" en 1996, "Les anneaux d'eau "en 1999…).Dans la série "Lune à boire"(1991-1994), et sans qu'on n'y prête garde, les objets du quotidien (ici, un simple verre de limonade) se livrent à étrange ballet cosmique. Plus loin, avec la série "Poussière d'eau"(1994)(étude en stroboscopie), une pierre n'en finit pas de tomber dans une bassine d'eau, produisant de bien étranges effets. "Les Véroniques"(1992-1994), empreintes de visages d'enfants, rappellent le voile de Véronique posé sur le visage du Christ, le Saint Suaire. Ces dernières années, l'artiste s'intéresse de plus en plus à la notion philosophique de la prise directe (série "Les Maximilennes", 1999)..

Toute son œuvre fait signe vers les origines du médium photographique. Patrick Bailly-Maître-Grand réinvestit et réitère les expérimentations passées. Expérimentations qui ont porté la photographie "au-delà d'elle-même". Affinités électives. Sans omettre bien évidemment les dimensions purement "ontologiques" à la photographie: empreinte, temps…

Patrick Bailly-Maître-Grand est né en 1945 à Paris. Il vit et travaille à Strasbourg. Après des études de physique et de chimie, se consacre pendant dix ans à la peinture avant de devenir photographe en 1979.

Patrick Bailly-Maître-Grand, photographies
Jusqu'au 8 avril 2000
Galerie Mathieu
48, rue Burdeau - 69001 Lyon
Tel: 33(0)4 78 39 72 19
Email:
Serge.Mathieu@wanadoo.fr

1) De la série "Les Poussières d'eau" (1994)
2) De l'ensemble "Les Digiphales"1990
3) De la sequence "les anneaux d'eau"(n°2) 1999 (rayogrammes positifs)